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21 mai 2011

La plume ensorcelée et la vérité muselée

La plume ensorcelée et la vérité muselée

 

Ecoute quand parle le journaliste !

 

Le faiseur d’histoire

Le faiseur de rois

Et d’indigents

De la racine, il vous mène au trône

Et de la cime, vous décime

 

Puis va la plume ensorcelée

Réalité travestie

Vérité blâmée

Mensonges d’érudits

Verbe maudit

 

Puis va la plume ensorcelée

La plume épée

L’encre flèche

L’encre sang

Histoire de sang

Le verbe péché

Sur les ondes Mille collines

Trépas de milliers de poitrines

C’était Rwanda…

 

Ecoute quand parle le journaliste !

 

Déontologie bradée

Chroniques tronquées

Articles truqués

Pamphlets intéressés

Echos troqués

Canards enchaînés…

 

Puis va la plume ensorcelée

Le journaliste ailé

Le journaliste zélé

La plume en furie

Le verbe en délire

La plume commerce

Le verbe affaires

La plume bourse

Le verbe actions

La plume titres

Le verbe à intérêts

Dire plus qu’on a vu

Dire plus qu’on a à dire

Dire plus qu’il en faut

Dire et se dédire

Dire et médire

Le journaliste

En de grands jours farceur

En de tristes heures héro

 

Lire un journal

Comme on lit une bible

Méditations d’articles

Editorial liturgique…

Aimer le mensonge

Surtout quand il est bien dit

Dire que l’Eburnie est à ses heures de gloire

Quand tout indexe sa déliquescence

Dire que le continent est bien parti

Quad s’éteint son feu

Puis va la plume ensorcelée

Idées biscornues

Subterfuges délicatement ourlés

Firmament dardant d’étoiles

De voiles et de mirages

 

Ecoute quand parle le politicien !

 

Bruits d’urnes

Promesses diurnes

Un peu de vin

Et de pain sans levain

Et joue le peuple le devin

Une bouteille de rhum

Un peu d’arum

Et le peuple féticheur ou charlatan

 

Ecoute quand parle le politicien !

 

Il me faut battre campagne

Pluies de suffrages

Tempêtes de voix

Eclairs de bulletins

 

Puis va le verbe fou

Les carrosses d’or fouettant les baffons

Les campagnes accoutrées de villes

Voir paupérisation et gabegie se côtoyer

Des tee-shirts à l’odeur nauséabonde d’encre

 

Puis va le verbe en délire !

Il ya de l’herbe à brouter

De l’herbe bien verte

De l’herbe verte à brouter

Ô sacré ruminant d’humanité !

 

Puis va la plume ensorcelée

Bétail électoral

Enclos et pâturages devenus trop exigus

Il faut élargir les tentes

Entasser par milliers les bêtes

Vive les cheptels électoraux !

 

Ô véritables fermes humaines !

A brouter des rêves

Gorgés de pestilence

De mensonge

 

Puis va le verbe perfide

Au milieu des folklores imbéciles

Des danses sottes

Des danseurs stupides

Des chants puérils

Des chanteurs naïfs

Des griots scélérats

 

Ecoute quand parle le politicien !

Des gouvernements mendiant

Avec la main de l’innocent

La main des analphabètes

La main des sans emplois

La main des chômeurs

La main des sans abris

La main de l’orphelin

La main de la veuve

La main des malades du mal du siècle

Du sida…

 

Puis gémit la vérité muselée

Economies châtrées

Vins et champagnes chambrés

Rires et embrassades chamarrés

Salons et meubles basanés

Liesses bigarrées

Quand frémit et gémit plus que ne rit la patrie

Voir nos pouvoirs détourner nos fonds

Voir une minorité se gaver d’orgies et d’agapes

Se pâmer d’aise et rire

Quand meurt affamée et alitée la majorité

Quand s’endors le peuple médusé, miséreux et rêveur

 

Ainsi va le berceau de l’humanité

Vent d’armes

Vente d’armes

Vente d’âmes

Voici ta perte ô continent !

Les soleils des sales négoces

Le trafic des gosses

Et des albinos

Pour sacrifices inédits

Pour ouvrages interdits

 

Ainsi va le vieux continent

Le lit des délits dressé

Chienlits et chiendents aux aguets

Le silence monnayé

Temps d’armes

Tant d’armes

Etang d’âmes

Et que de sang

 

Ainsi va l’antre noir

Peaux d’ébène

Teints basanés

Luxes drapés

Corps dénudés

Des filles nues tombées des nues une nuit

Sexes aux enchères

Soldes chez les proxénètes

 

Ainsi va le baobab noir

Jour de drapeaux

Lavage de cerveaux

Vendange de caveaux

Taisons de haine

Pans de rancœur

Monceaux de peine

Reliefs de vengeance

Chasse à l’homme

Carquois dissimulés

Horde de fantômes

Redingotes de vampires

Poignards de charognards

Ricanement fou

Au milieu de diatribes fous

Panoramas scélérats

Horizons courroucés

Siècle bigarré

Rues pavoisées

Eburnie, ivoire et alentours cariés

 

Ecoute quand parle l’historien !

 

L’historien qui dit :

Je suis venu après les larmes versées

Les nourrissons sevrés

Les libertés violées

Le sang versé

Les crimes horribles

Les crânes brûlés

Les cœurs dépecés

Les corps flagellés

Les visages ridés

Les sourcils bridés

Les soucis galvaudés

Les genoux ankylosés

Les résultats truqués

 

Puis parle l’historien

Je suis venu après les fèces mal torchées

Les cordons ombilicaux mangés

Les vies mutilées

Les savanes battues

Les forêts sans bois

La sylve aux abois

Les mers arraisonnées

Les sommeils volés

Les nuits violées

Les honneurs violentés

Les quiétudes bafouées

Les dignités confisquées

 

Puis parle l’historien apôtre !

Je suis venu en mes cinq sens

Dire aux fils des quatre vents

Je suis venu dire au midi

A l’occident

A l’orient

Au septentrion

Les faits qu’il n’a pas vus

Les paroles qu’il n’a pas entendues

Les parfums qu’il n’a pas sentis

Les mets qu’il n’a pas goûtés

Les trésors qu’il n’a pas touchés

 

Avec ma plume

Plus virile que le phallus tendu

Et mon encre

Plus fertile que le sperme humectant

 

Puis un baroud d’honneur à l’historien

L’historien messie

L’historien journaliste

 L’historien politicien

 

Et pensons à ce que dira l’enfant !

 

L’enfant forcé au combat

L’enfant soldat

L’enfant témoin des vertus larguées

L’enfant qui a vu la Colombe lardée de coups d’épée

L’enfant qui de l’olifant jouera

L’enfant qui du cor jouera et encor

 

Et pensons à ce que dira l’enfant !

Il est la langue qui parlera

L’encre qui coulera

Le continent qui demain viendra

Quand se tairont peut-être les armes et règneront la paix, l’amour

Quand passeront peut-être la plume ensorcelée et la vérité muselée

 

 

…Avant qu’on ne me prenne mon luth,

du fond du vieux continent j’ai parlé…

 

                                

Brice F. P. AMOUSSAN

Attoban, le Mardi 1er Avril 2009

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  • L'alphabet est libéré et les mots sont à présent dans la nature. Nos plumes en délire écrivent leurs joies, peines, espoirs et spleens. Il faut que le monde soit meilleure, et pour ma part, je pense que: JAMAIS UNE LAMPE N'EST ALLUMÉE POUR ETRE MISE SOUS L
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